[noël] Santé mentale et idées cadeaux féministes

Dernière ligne droite… En cette saison pleine d’ambivalence, on essaie de se/vous soutenir :  

• En rappelant que c’est une période particulièrement difficile pour certain·es (charge mentale, rupture familiale, difficultés économiques…): vous n’êtes pas seul·e.
• En vous suggérant des idées cadeaux utiles et éthiques —parfois aussi, esthétiques et joyeux. Ils se veulent un soutien à l’art, à l’artisanat, à la presse ou encore aux personnes précarisées.

Bonne lecture —que vous fêtiez Noël ou pas !

Noël et consumérisme —des idées cadeaux féministes

Les fêtes de Noël ou l’apogée de la surconsommation. Si vous lisez cet article, vous êtes probablement au moins un peu traversé·e de doutes —ou de franches critiques— face aux catastrophes sociales et écologiques générées par ce capitalisme tardif. 

+ Lire aussi : « Polluants et inutiles : la face cachée des cadeaux de Noël » (Reporterre)

Mais les conventions sont là et à Noël en Occident, on dit à nos proches qu’on les aime, et avec des cadeaux s’il vous plaît. Pour résoudre le paradoxe et apaiser nos tensions (internes ou partagées), plusieurs solutions, parfois complémentaires : 

• Noël zéro cadeau (clair et radical !)
• Secret Santa, pour ne faire qu’un seul cadeau (générique ou personnalisé)
• Budget maximum (particulièrement utile si les revenus du groupe sont inégaux)
• Cadeaux responsables (made in France/Europe, en matériaux naturels ou recyclés, comportant le label X ou la certification Y, comme les habits Loom ou les cosmétiques Comme Avant par exemple)
• Rien de matériel, uniquement des expériences à vivre
• Cadeaux recyclés/de seconde main ou DIY (attention au temps passé, au stress et inégalités que ça peut générer) 

Ci-dessous des idées dans lesquelles vous pourrez piocher.

5 LANGAGES D’AMOUR

Une lettre ou un poème, un long massage, de l’aide au rangement ou au bricolage, un weekend entier de connexion… Au-delà des cadeaux, Gary Chapman identifie quatre autres langages d’amour : les paroles valorisantes, les moments de qualité, les services rendus et le toucher physique. Chaque personne aurait un penchant naturellement plus marqué pour l’un de ces 5 langages d’amour.

N’attendez évidemment pas Noël pour exprimer votre amour à travers des actes, mais cette fin d’année pourrait être l’occasion d’en explorer de nouveaux —ou d’aller plus loin dans celui que l’on connaît bien.

Quel est le langage d’amour de la personne à qui vous voulez offrir une belle attention ? Parfois, faire vraiment plaisir, c’est moins cher que gratuit.

ARTISANAT 

Si vous voulez marquer le coup avec un objet qui sera conservé, soutenez des artisanEs, femmes ou queer, idéalement locales. Nous on aime beaucoup la boutique d’Olympe Rêve par exemple, mais une recherche avec les bons mots-clés, sur Etsy ou sur votre moteur de recherche, peut vous ouvrir de nouvelles possibilités. 

Autre option, taper “marché de noel feministe” + le nom de votre ville pour aller à la rencontre des créateurices de votre région. Chez nous à Paris, il y a le rendez-vous habituel au Ground Control, ce 21 décembre.

S’il n’y a pas, autour de chez vous, un marché de Noël comportant un qualificatif engagé, vous trouverez forcément des artisanes qui vendent des produits qu’elles ont elles-mêmes travaillés : illustratrices, apicultrices, chocolatières, etc.

Si votre budget dépasse les 35 euros, allez faire un tour sur Wecandoo. La plateforme met en relation des artisanEs et des particuliers pour proposer des expériences et ateliers sous le signe de la transmission. Travailler le bois, le cuir ou la céramique, confectionner ses propres fromages ou bières… Il y en a vraiment pour tous les goûts. Le ticket d’entrée n’est évidemment pas donné, mais c’est l’occasion de soutenir les femmes ou personnes sexisées qui font vivre l’artisanat local tout en offrant une expérience mémorable, parfois accompagnée d’un bel objet confectionné soi-même.

JEUX

Les vacances en famille et/ou entre copaines, bien au chaud à la maison, c’est idéal pour les jeux de société. Troquez le Uno, le Monopoly (saviez-vous que ce jeu avait en réalité été créé par Elizabeth Magie, pour dénoncer les dérives des rentiers ?), ou le Pictionnary pour l’un de ces jeux féministes : 

• Moi c’est Madame, ou comment muscler son sens de la répartie pour contrer les remarques et comportements sexistes du quotidien. Emotions garanties.
• IA et femmes scientifiques pour découvrir des femmes scientifiques et le fonctionnement des IA par le jeu.
• Can you ? Un jeu d’empathie pour mieux comprendre ce que sont les privilèges et les discriminations.
• Les Mille Pas, pour une prise de conscience rapide des inégalités F-H dans le monde du travail
• 54 Cartes éclair : Femmes de l’Histoire ou 54 Cartes éclair : Féministes du Monde, pour parcourir très rapidement la vie et l’oeuvre de femmes qui devraient être plus célèbres. (Ce sont aussi des jeux de cartes classiques, donc parfait pour jouer à la bataille ou au poker, à la crapette ou à la belote.)
• Feedback en milieu sauvage, pour mieux saisir les réactions de l’autre et améliorer la communication.
• Carboniq, pour comprendre et évaluer l’impact carbone de nos activités au quotidien.
• Le Cœur des Zobs, le jeu pour tout connaître sur la contraception masculine.

RECOS CULTURE

Retrouvez, sur les pages de revues culturelles, les références citées dans notre podcast. Vous y trouverez des livres, des spectacles, des films parfois à acheter ou louer en VOD. Oeuvres 100% testées et approuvées : 

• Livres, films et plus : Rétrospective 2025
• Films, conférences : Rétrospective 2024
• Livres, films, séries, théâtre : Rétrospective 2023

FOCUS LIVRES

A acheter ou commander dans votre librairie indépendante, évidemment ! Et l’avantage d’aller chercher un peu loin dans le temps, c’est que l’édition de poche est sûrement disponible : 

• Rentrée littéraire 2024 : une sélection de livres féministes
• Rentrée littéraire 2023 : 3 livres féministes à lire
• 6 livres de fantasy avec des héroïnes
  

On vous recommande aussi chaudement Le Génie lesbien d’Alice Coffin, ou encore le travail de Nathalie Achard : En finir avec les discriminations (aussi paru sous le titre Mon privilège, ton oppression), La communication non violente à l’usage de celleux qui veulent changer le monde, essayiste qui écrit aussi des polars (Week-end entre amis, Les Crevards) !

Vous trouverez encore d’autres idées (notamment de BD) sur notre page “Ressources” —que nous devrions vraiment mettre à jour… 😅

SPECTACLES

Soutenons le spectacle vivant et les artistes anti-sexistes !
Des seul·es en scène validés ou sur lesquels nous n’hésitons pas à parier : 

• Chattologie (adaptation du livre éponyme)
• Swann Périssé (presque complets)
• Mérou de Lou Trotignon (à Paris et en tournée)
• Garçon, de Samuel Certenais (on en a parlé dans le podcast)
• Performance, de Nicolas Benoît (on y va en janvier)
• Malàdroite, d’Adèle Barbers (à la Nouvelle Seine aussi!)
• Le Premier Sexe ou la Grosse Arnaque de la Virilité (1er volet de la trilogie autobiographique de Mickaël Délis, qui la propose à Paris et en tournée)
• Les Monologues du vagin (le grand classique d’Eve Ensler qui est régulièrement repris)
• Ça va bien se passer par Camille Giry (encore à La nouvelle Seine, puis on espère en tournée)
• La chair est triste hélas (à Lyon ou à Paris, Anna Mouglalis incarne le texte d’Ovidie et ça divise la critique)

Et si vous cherchez “spectacle féministe” dans votre navigateur (n’hésitez pas à rajouter le nom de votre ville), vous trouverez plein de propositions réjouissantes. Par exemple : Déconstruite mais (pas) ruinée, Peau d’homme (le livre est très bien), La Vie en vrai avec Anne Sylvestre (pour celleux qui aiment la musique), Mère, Médusée, Colette et Willy, Olympe de Gouges, porteuse d’espoir, Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze…

Bien sûr, une place de concert pour aller voir sur scène des personnes minorisées, ce sera toujours une bonne idée. Ciblez selon le genre musical préféré de la personne qui recevra le cadeau, ou surprenez-la !

ABONNEMENTS PRESSE

Là encore, vous soutenez les personnes qui conçoivent l’objet tout en offrant une expérience —et de véritables clés de lecture du monde dans lequel nous (sur)vivons. 

• Revues féministes : La Déferlante (à p. de 39€), Gaze (à p. de 18€), Censored (à p. de 5€), Problematik (tarifs à venir).
• Journalisme d’investigation généralistes, touchant aux discriminations : Mediapart (à p. de 25€), Blast (à p. de 15€), StreetPress (à p. de 5€/mois).

(Vous pouvez aussi faire des dons à ces titres de presse indépendants.)

DONS AUX ASSOCIATIONS

Pour les personnes engagées et empathiques, qui n’ont en réalité besoin de rien, offrez un don à une association : elles seront ravies de ce cadeau généreux et utile.
Cela peut aussi vous permettre de défiscaliser, donc n’hésitez pas à faire chauffer la carte 😉 

• Parce que les personnes LGBTQIA+ sont souvent marginalisées et précarisées (en France, 20 % des personnes queers se sont déjà retrouvées sans domicile) : Associations Le Refuge, OUTrans et/ou Acceptess-T 
• Parce qu’en 2025 les VSS ne sont pas en baisse, et que masculinisme et démobilisation sont en net développement (​​71% des associations féministes en situation financière dégradée, la moitié ayant dû réduire leurs activités ou masse salariale) : La Maison des Femmes, Solidarité Femmes, Les Papillons et/ou La Fondation des Femmes
• Parce que les guerres, le sans-abrisme et autres violences ont explosé, et que dans ces situations, les femmes, les enfants et personnes LGBTQIA+ sont particulièrement en danger : Utopia 56, Amnesty International, UNICEF, Médecins du Monde et/ou Action contre la Faim

Noël et santé mentale —est-ce que les gens vont bien ?

Si pour vous Noël n’évoque que partage, plaisirs et joie, vous êtes sacrément privilégié·e. Pour beaucoup (et pour la majorité des personnes sexisées), ça rime également —ou entièrement— avec stress et tensions, voire échec, angoisses et dépression. 

En cette période, l’absence d’êtres chers (décès, brouille, éloignement géographique…) est pesante pour 56% des Français·es.

La charge mentale, logistique et émotionnelle est exacerbée en fin d’année, surtout pour les femmes en couple hétéro. Les deux tiers déclarent en faire plus que leur conjoint pour organiser le repas, et près de 4 femmes sur 10 affirment même en faire “beaucoup plus” (37%). Parmi elles, 88% se disent “très stressées” par Noël. Ce sont ces dames qui veillent à ce que tout le monde aille et s’entende bien, à ce que le menu et les cadeaux soient adaptés à chacun·e (et bien emballés).

+ Lire aussi «  »Tu as plus d’idées que moi » : à Noël, la hotte bien remplie des femmes, chargées aussi des cadeaux de leur belle-famille » (France info)

Les contraintes économiques pèsent de plus en plus sur les gens. Pour la moitié des Français·e, les dépenses liées aux repas et aux cadeaux sont jugées excessives et pesantes. Un tiers aurait l’angoisse de ne pas pouvoir offrir de cadeaux, et la moitié des parents regrettent de ne pas pouvoir offrir les cadeaux qu’iel voudrait à leur(s) enfant(s). 

• Au moins 1 enfant sur 10 a subi l’inceste, et ça éclabousse toute la famille (lire « Mamie est morte, elle n’ira pas au paradis« ).
• 47% des lesbiennes ou bi ont subi des violences au sein de leur famille (psychologiques, physiques et/ou sexuelles).
• 63% des couples avouent s’être disputés avec leur conjoint·e à cause d’un sujet lié à Noël 

Ainsi, sans surprise, 73% des Français·es ont expérimenté des tensions familiales à cette période. 

Les injonctions liées à la famille sont exacerbées pendant les fêtes. 40% des Français·es retrouvent leur famille élargie pour les fêtes de fin d’année. Pour autant, une à deux personnes sur cinq disent devoir supporter certains membres de la famille et/ou des tensions entre proches.

La majorité (48%) préfère donc rester dans son noyau : conjoint·e, enfants le cas échéant. 

Seulement 4% fêtent Noël avec les copaines. Et près d’un·e Français·e sur dix (8%) passe généralement les fêtes de Noël seul·e.

Quelle que soit la situation, si elle est subie, c’est particulièrement difficile. 

Pensez-y lors de vos interactions (para)sociales, et évitez de supposer que c’est joyeux pour tout le monde.

En bonus, ces deux épisodes de podcast :

•  “Guide de survie aux fêtes de famille” – 47 min
  Naomi Titti et Tal Madesta dans Les Couilles sur la table
• “Pourquoi j’ai arrêté de fêter Noël en famille” – 14 min
  Victoire Tuaillon dans Renverser la table)

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Sources : IFOP, Santé publique France, Le Refuge, La Fondation des Femmes.
Crédit photo : Nguyen Dang Hoang Nhu