Florence anime des ateliers Lean In, pour que les femmes atteignent leurs ambitions professionnelles. Elle s’intéresse de plus en plus au féminisme et recherche des livres dans sa bibliothèque municipale. Il y a peu de références. Elle achète beaucoup de livres sur le sujet, qu’elle n’a pas réellement le temps de lire. Au sein d’une association informatique, elle lance un club de lecture féministe pour avancer à plusieurs. Elle ne sait pas quoi répondre quand des personnes en dehors de ce milieu lui demandent comment y participer.

Elle se rapproche d’associations féministes, qui sont déjà initiées aux problématiques, engagées et militantes. Mais elle voudrait déjà y voir plus clair avant de militer. Continuer à se déconstruire et aider celleux qui souhaitent un monde plus équitable à le faire également.

Le théâtre forum l’a beaucoup marquée comme vecteur de prise de conscience et d’expérimentation.

Et si elle créait une association pour donner un cadre à ses activités, qui finalement convergent ? Sauf qu’il faut être plusieurs pour créer une association. Or son entourage ne se reconnaît pas particulièrement féministe. 

Elle lance donc un appel sur Twitter.  Sara s’empresse de rebondir —c’est exactement l’angle qui l’anime depuis qu’elle se revendique féministe.

Elle s’était d’abord intéressée aux questions sur les inégalités professionnelles et les violences faites aux femmes. Son engagement commence doucement à se concrétiser en 2018, alors qu’elle collabore avec l’artiste Carmen Mariscal, qui traite souvent de la condition féminine à travers ses oeuvres. Elle rencontre Diariata N’Diaye, fondatrice de l’association Résonantes, avant de s’émouvoir avec son poignant discours à la Fondation des Femmes sur le dépôt de plainte. En déplacement professionnel, elle regrette de rater la marche Nous Toutes fin 2019.

Elle démarre l’année suivante un roman à la main, Le Consentement. Le 28 février, le César de la Meilleure réalisation est attribué à Roman Polanski, poursuivi aux États-Unis pour viol et accusé par onze femmes de violences sexuelles, pour la majorité mineures à l’époque des faits présumés. Durant le premier confinement, elle découvre et s’abonne aux comptes de plusieurs personnalités féministes sur Instagram, consomme de nombreux podcasts qui touchent à la sociologie et aux études de genre. Nourrie de ces ressources dont elle relaie les contenus avec ferveur, alimentée par des discussions avec des proches, choquée par la dégradation des conditions des femmes pendant la crise sanitaire, écoeurée par le mépris du gouvernement et des élites dites intellectuelles, révoltée par les affaires Weinstein, Hulot, Cantat et par les nombreux témoignages #MeToo ou #NotAllMen, et touchée par le discours d’Agnès Jaoui, sa conscience féministe s’élargit davantage. Mais participer à une marche annuelle et tenter de sensibiliser son entourage ne suffit pas.

L’appel de Florence tombe à pic, Sara y répond sans hésitation. Le 25 novembre 2021, les statuts sont déposés. Florence est présidente et trésorière. Sara secrétaire. L’aventure est lancée.