Dans cette revue culturelle, Florence et Sara reviennent sur les oeuvres qui les ont marquées en 2024.

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Les fictions :
- HLM Pussy, de Nora El Hourch avec Leah Aubert, Médina Diarra, Salma Takaline.
- Avant que les flammes ne s’éteignent de Mehdi Fikri avec Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Sofian Khammes.
- Je verrai toujours vos visages, réalisé par Jeanne Herry avec Élodie Bouchez, Adèle Exarchopoulos et Leïla Bekhti.
- Il reste encore demain, de Paola Cortellesi.
- L’Histoire de Souleymane, un film de Boris Lojkine
Les documentaires :
- Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique, réalisé par Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist. Site et ressources du documentaire.
- Et maintenant on fait quoi ? Une enquête sur les masculinités, de Pauline Sanderre sur une idée de Lisa Dayan et Thaïs Kaplisch avec Victoire Tuaillon, Thomas Messias, Eymeric Macouillard Gillet, Mathieu Palain, Sikou Niakate et Nina Tunon de Lara.
- Bye Bye Tibériade, réalisé par Lina Soualem.
- Les Filles du Nil, réalisé par Nada Riyadh et Ayman El Amir.
- De rêves et de parpaings d’Anne-Sophie Birot et de Laëtitia Douanne.
Les festivals en Île-de-France :
- Empowher, le festival qui donne envie d’agir pour un monde féministe avec, entre autres contenus passionnants :
- L’atelier « C’est pas moi, c’est mes privilèges », d’Alexia Sena
- La table-ronde « Mouvements anti-droits, faire barrage » avec Delphine O, Sarah Durocher et Neil Datta
- « Le Talent est une fiction », une conversation avec Samah Karaki.
- Safe Place et leurs supers événements proposés tout au long de l’année (suivez-les sur Instagram et abonnez-vous à leur newsletter).
- Festival du Film Féministe des Lilas.
- Elles sont là pour rester, au Forum des Images à Paris, jusqu’au 6 avril 2025. Avec Alice Diop Rebecca Zlotowski, Jeanne Herry et Sophie Letourneur, ainsi que Blandine Lenoir, Mia Hansen-Løve, Valérie Donzelli, Delphine et Muriel Coulin et Alice Winocour.
- Nous avions d’ailleurs fait une revue du film Annie Colère, de Blandine Lenoir, sur le MLAC avant que l’avortement soit légalisé en France. Nous le conseillons vivement !
- Films de femmes, festival international de cinéma à Créteil.
Les livres et rapports :
- Rapport Tip of the iceberg ou La partie émergée de l’iceberg (en français) et le chiffre sur les 150 millions de dollars américains par an dont bénéficient les mouvements anti-droits.
- Bande dessinée Entremêlées de Ster (Esther Chidi) aux éditions Anacoana.
- Les 11 commandements pour les allié·es de l’association féministe et antiraciste Lallab.
Pièces de théâtre à Paris :
- La pièce de théâtre 4211 km, de Aïla Navidi.
- Le premier sexe ou la grosse arnaque de la virilité, de Mickaël Délis.
Pétitions :
- Pétition Ma voix Mon choix sur le droit et l’accès à l’avortement en Europe.
- Pétition pour une éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle pour tous les enfants de Parents et féministes. Lien vers la tribune.
Autres ressources mentionnées pendant cet l’épisode :
- Podcast Mentionné·e sur le cyberharcèlement.
- Popol Média qui propose un regard féministe sur la politique, de Léa Chamboncel. Son livre Plus de femmes en politique est disponible dans notre bibliothèque.
- Le Talent est une fiction, de Samah Karaki et sa citation sur le développement personnel.
- Le livre blanc Pour une véritable éducation à la sexualité du Planning Familial, évoqué par Sarah Durocher, sa présidente.
- Le podcast Joyeux Bazar d’Alexia Sena.
- Décompte des violences policières de Bastamag.
- Les Enchantières, une association proposant un chemin vers l’autonomie des femmes dans les savoirs du bâtiment. Elles sont sur les réseaux sociaux.
- Article Allociné sur les répartitions inhabituelles des notes (la page évolue).
- Le film Quelques jours pas plus de Julie Navarro avec Camille Cottin et Benjamin Biolay.
L’épisode a été enregistré le 03/01/2025.
La musique est composée par Gisula (https://gisula.com).
Transcript de l’épisode
[musique de générique d’intro]
Sara : La Place des Grenouilles, c’est une association ET un podcast qui proposent des espaces de discussion et de réflexion pour déconstruire, ensemble, les normes de genre.
Florence : Au fil des épisodes, on vous propose :
- de revenir sur des oeuvres et événements qui nous ont plu,
- de découvrir des métiers à priori genrés,
- ou encore d’approfondir des sujets de société grâce à des expertEs de différents domaines”
Sara : Nous sommes Florence et Sara,
Florence : bienvenue sur La Place des Grenouilles”
[fin de la musique de générique d’intro]
—
Sara :
salut Florence je suis contente de te retrouver pour ce, cette revue culturelle de l’année, la première de l’année 2025
Florence :
bonjour Sara, bonjour tout le monde
Sara :
on va commencer par parler de cinéma. On va aussi parler de de festival qu’on a apprécié et puis d’autres d’autres œuvres dont on veut vous parler.
Florence :
Alors moi, le premier film dont je vais parler c’est HLM Pussy, de Nora El Hourch avec Leah Aubert, Médina Diarra, Salma Takaline. Donc ça c’est un un film que j’ai adoré. C’est l’histoire de Amina, Djeneba et Zineb, qui sont adolescentes et super copines.
Il y a l’une d’entre elle qui se fait agresser sexuellement et elle poste sur les réseaux sociaux une vidéo mettant en cause l’agresseur. A partir de là, bah du coup ça se complique pour les trois adolescentes qui ont pas forcément la la même vision de comment gérer ça, et en particulier la pression par rapport au retrait de cette vidéo. C’est vraiment un film que j’aurais aimé voir quand j’étais ado parce que déjà c’est super beau leur amitié, sans être trop idéaliste, dans le sens où il y a des moments qui sont vraiment durs.
On voit que par rapport au parcours social de chacune, aux enjeux qu’il y a, c’est pas du tout la même posture et les mêmes enjeux en fait, de réagir face à une agression, ou pas. Il y a une volonté de justice mais en fonction des injustices qu’on vit déjà, on va pas forcément se permettre les mêmes choses et, et aussi une notion de double culture que j’ai assez peu vu au cinéma. Donc ça, j’ai pas mal apprécié.
Sara :
Est-ce que tu veux détailler un petit peu la double culture ?
Florence :
La double culture, euh bah du coup ça se passe dans une cité donc c’est vrai que je l’ai pas dit mais le titre je pense rend ça assez clair (rires). Il y a une culture plutôt arabe donc par exemple il y a la l’héroïne Amina qui s’est beaucoup “francisé” on va dire, “francisé” dans le sens bah elle parle français, mais surtout elle parle pas arabe
Sara :
donc sa communauté le lui reproche un peu ?
Florence :
bah c’est… compliqué. Pas sa communauté mais les liens avec son père du coup sont, s’abîment. Mais il y a pas que ça, parce que lui s’est beaucoup sacrifié pour qu’elle puisse s’intégrer et sa mère n’a pas d’origine arabe du tout
Sara : d’accord
Florence : c’est joué par Bérénice Bajo (hésitation)
Sara : Bérénice Bejo
Florence : moi je la connaissais pas en fait (rires)
Sara : en fait elle était dans The Artist je pense que c’est comme ça qu’elle s’est fait connaître du du grand public
Florence :
et ce côté tiraillement en fait est assez fort
Sara : ok
Florence :
aussi il y a des jugements entre elles. Par exemple il y a Djeneba qui a failli ne pas être, enfin l’actrice qui joue son rôle a failli ne pas jouer ce rôle parce qu’elle était trop intimidée
Sara :
oh
Florence :
elle avait peur de trop euh, trop s’identifier à ce personnage et du coup elle a posé un lapin en fait euh à la directrice de de casting
Sara : ok
Florence :
alors que la réalisatrice avait eu un vrai coup de cœur et l’avait sollicité, et elle est juste pas venue (rires)
Sara
Mince
Florence :
donc ils l’ont attrapée. Et je comprends parce que on dirait que c’est juste une caméra qui est posée et que… c’est elle en fait. Du coup, cette personne elle ,elle est à fond sur les réseaux sociaux, elle fait des vidéos de de je sais plus très bien, je crois que c’est des quelque chose sur les cheveux, mais quelque chose lié à la beauté, l’autre amie la juge un peu par rapport à ça, en disant que ça sert à rien tout ça. Et elle lui dit qu’elle a pas d’autre issue. Donc ça c’est une des scènes qui, qui était assez marquante parce qu’on voit qu’elles essaient toutes chacune à leur manière de s’en sortir
Sara :
mais quand tu dis s’en sortir ?
Florence :
de leur milieu en fait
Sara :
d’accord
Florence :
de la cité
Sara :
ok
Florence :
d’avoir un avenir. C’est vraiment ça en fait le nerf de la guerre
Sara :
ok. Mais elles ont quel âge ces ados
Florence :
pour moi elles ont 13 ans
Sara :
ah oui donc déjà à 13 ans elles pensent à l’avenir,
Florence :
Après je me trompe peut être
Sara :
enfin là où dans d’autres milieux plus aisés, c’est un peu l’enfance encore et de l’insouciance. On pense pas forcément à 13 ans…
Florence :
peut-être qu’elles avaient pas 13 ans finalement, mais en tout cas elles étaient au collège au lycée, mais par contre c’est très très très présent en effet, la question de, de l’avenir, de sortir de la cité, et de s’en sortir et qu’est-ce qu’on va faire après
Sara :
ok
Florence :
c’est quand même très joyeux comme film
Sara :
d’accord
Florence :
Il y a le côté enfants qui grandissent qui est assez touchant. Et la dernière chose que, enfin les deux dernières choses que j’ai apprécié, c’est la partie “consentement” du coup qui est au cœur du film. Ce qui m’a étonné dans ce, dans ce film par rapport à des films d’il y a 20 ans c’est à quel point c’est clair que que c’est un problème le fait que elle soit fait embrassée de force
Sara :
d’accord donc pour en fait pour les trois copines c’est évident que c’est très problématique ce qui s’est passé
Florence :
oui
Sara :
d’accord
Florence :
oui oui alors que bah dans les films qu’on a vu il y a 10-20 ans
Sara :
ouais ! (rires)
Florence :
c’est même pas un sujet je veux dire. Et là où c’est terrible, c’est que même moi quand je l’ai vu, j’ai pas tout de suite cap enfin, pas pas capté de souci, mais c’est vrai que c’est tellement banalisé que le fait que là, ce soit pris en charge et qu’on ressente, qu’on voit ce que les personnes ressentent par rapport à ça, par rapport à des scènes beaucoup plus violentes, on se dit ah bah il y a des morts des viols et tout voilà alors on mesure un peu plus le poids, la gravité de ça et. Et donc le dernier point que j’ai apprécié, c’est qu’on entend des personnes qui sont concernées, que ce soit d’un point de vue racial, social ou des femmes tout court, ça faisait quand même pas mal de bien. Moi je le recommande très clairement ce film de Nora El Hourch “HLM Pussy”.
Sara :
Je suis dégûtée de l’avoir loupé. On l’avait recommandé on a fait un article sur le blog de huit films qu’on recommande de voir l’année dernière. J’avais fait l’article mais j’avais pas pu le voir
Florence :
oui je l’avais fait rajouter parce que on me l’avait conseillé plusieurs fois et j’ai failli ne pas réussir à le voir non plus, je regrette vraiment pas de, d’y avoir été
Sara :
c’est cool
Florence :
le deuxième film qui fait aussi partie des films qu’on m’a conseillé et que je voulais absolument voir et donc j’ai fait partie de la toute toute dernière vague de spectatrices, c’est Avant que les flammes ne s’éteignent de Mehdi Fikri qui est un ancien journaliste à l’Humanité, où il a couvert pas mal de de violences policières, avec Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Sofian Khammes.
Donc ça traite des violences policières. Il y a le frère Karim de l’actrice principale Malika qui décède suite à à ses violences et d’un point de vue communication on attribue ça à une crise d’épilepsie pendant l’interpellation. Et Malika bah pendant tout le film se lance dans la quête de justice pour que les responsables soient jugé·es tout court
Sara :
En fait, même si c’est pas les mêmes noms, c’est l’histoire de la famille Traoré, non, suite à la mort de Adama Traoré ?
Florence :
ou de Nahel, ou de beaucoup de gens, oui effectivement. Alors quand on est allé·es voir ce film, on s’est pas beaucoup renseigné·es. On voulait vraiment être surpris surprise mais c’est vrai que j’ai réagi comme toi en disant “mais, mais c’est l’histoire de Adama Traoré”
Sara :
Enfin je veux pas dire que c’est la seule histoire, des comme ça, il y en a beaucoup mais en tout cas celle qui a eu autant de retentissement avec sa sœur, qui se bat sans relâche pour la justice pour son frère et qui, par la même occasion du coup, veut défendre aussi plein d’autres victimes, est-ce que c’est pas ?…. enfin, moi j’avais compris que c’était, c’était vraiment leur histoire
Florence :
franchement, je sais pas. Tu vois typiquement il y a aussi Hocine Bouras, dont la famille a assisté à une projection. Hocine Bouras a été tué par un gendarme sur l’A35 pendant son transfert entre Strasbourg et Colmar. Justement le film a été tourné dans cette région-là
Sara :
d’accord
Florence :
et elle a animé un débat après la projection et elle a dit “bah ce film, c’est mon histoire”
Sara :
d’accord
Florence :
c’est là où je sais pas si c’est l’histoire de Adama Traoré, en tout cas le réalisateur dit qu’il s’inspirait de beaucoup d’histoires, qu’elles sont tristement similaires en réalité. En terme de statistique, il y a Bastamag qui évoque 861 personnes décédées suite à une intervention de la police entre 77 et 2022
Sara :
ouais…. énorme…
Florence :
donc c’est probablement une histoire très similaire à tout ça et dans ce que j’avais lu, il s’était inspiré de cinq affaires en tout cas. Il voulait pas que ce soit trop rattaché à une seule personne parce que justement on traite des familles. Et que voilà, du coup…. c’est pour ça qu’il voulait que ce soit une fiction
Sara
ok
Florence
pour moi c’est pas revendiqué comme histoire de Adama Traoré, mais la quête de justice bon elle est, ouais, elle est super banale dans ces sujets là. Du coup, moi ce que j’ai aimé, c’est que le sujet des violences policières soit traité même si c’est pas le premier film qui qui le fait. Mais de voir le le parcours de Malika du coup qui… en fait nous, on voit souvent la fin. La fin dans le sens on voit la personne donc le, enfin la sœur, les parents, en tout cas une personne qui va porter la voix de la victime au niveau du, du public mais on voit pas forcément ce que ça coûte aussi en terme de conflits familiaux, de persévérance sur la durée
Sara :
oui, c’est u-sant
Florence :
c’est ça. On voit vraiment qu’une facette de la pièce et là la famille a vraiment la première place, dans ce film.
Sara :
d’accord.
Florence :
et aussi on est baigné·es dans dans l’environnement dans lequel bah ils ou elles vivent, donc il y a des chants arabes et tout, c’est super beau. Et tout le long bah on a envie qu’elle continue mais on voit ce que ça coûte, parce que du coup, elle perd beaucoup de choses Malika, en voulant avoir ce, bah obtenir justice par rapport à ce sujet. Moi il y a il y a quelque chose qui m’a marqué, c’est qu’on voit pas beaucoup de films, comment dire où on baigne autant de la culture, enfin dans une autre culture. J’ai pas j’ai pas ces origines là, je connais pas tellement cette culture, enfin de l’intérieur en tout cas, enfin même de l’extérieur pas tant que ça et là vraiment on est on est invité dans la famille quoi. On les entend manger, pleurer, s’engueuler… il y a une personne caucasienne, qui est la belle-sœur du frère, et du coup ça fait bizarre, parce que c’est un peu… à travers elle, c’est un peu le regard des blanches. Alors je suis pas blanche, mais du coup on se projette plus par rapport à elle. Ca c’est pas mal je trouve d’avoir introduit ce personnage là, parce que du coup ça fait quand même aussi réfléchir par rapport à notre place. Il y a pas d’idéalisation ni de la victime ni de l’héroïne ni de sa relation avec sa sœur, son conjoint, c’est vraiment un film super dur. Enfin nous on était on était bouleversé·es. Ca, ça mélange aussi l’intime et le politique, et sur ça c’était, c’était assez fort. En fait il y en a régulièrement des affaires comme ça, donc qu’on le regarde il y a 2 ans ou dans 5 ans, malheureusement, ça aura pas beaucoup changé
Sara :
c’est cool que tu aies pu le voir. Je, j’ai, je voulais aussi le voir (rires). Hum apparemment c’est un film qui a eu, qui a subi une campagne de dénigrement très forte de de l’extrême droite apparemment sur CNews et d’autres médias de de Bolloré.
Florence :
étonnant
Sara :
et sur les réseaux sociaux et cetera. Il y a eu des pressions en fait pour que, bah pour qu’il soit moins distribué et cetera, donc ouais j’ai ,je l’ai loupé.
Florence :
bah justement par rapport à ça sur AlloCiné, il a une très mauvaise note
Sara :
ah voilà c’est ça ! il y a eu des raids pour pour noter mal le film alors que les gens l’avaient pas vu quoi
Florence :
exactement. En gros il a une note de 1,8 Spectateur alors que côté Presse il a une note de 3 euh 3,1 ce qui est une note tout à fait classique
Sara :
Mmh
Florence :
et du coup ce film fait partie des quatre films sur AlloCiné, sur tout AlloCiné à être étiqueté d’un avertissement comme quoi les notes sont suspectes
Sara :
voilà ouais ok
Florence :
il y a un autre film qui est comme ça, qui me paraissait assez banal, mais comme ça parle de quelqu’un qui a été blessé par un CRS et de d’accueil de migrants effectivement il y a eu plein de comptes qui ont été créés très rapidement, qui ont mis des notes très très très basses, ce qui est très inhabituel. Donc ouais ils ont pas mal milité sur ça pour réduire la visibilité de ce film. Et l’autre film d’ailleurs, c’est Quelques jours pas plus de Julie Navarro avec Camille Cottin et Benjamin Biolay, que du coup je vais essayer de regarder. Voilà.
Sara :
je crois que Avant que les Flammes ne s’éteignent est dispo sur Prime, MyCanal donc je pense que je vais faire en sorte de le voir prochainement
Florence :
il est vraiment franchement indispensable. Et d’ailleurs, dans les commentaires, on dit que c’est, c’est “biaisé” mais en fait c’est “biaisé” : tous les autres films qu’on voit sont biaisés, comme quoi la police est gentil ou et que les blancs sont les héros et les héroïnes. Et pour une fois, on voit une autre facette donc il est pas du tout biaisé, enfin c’est comme une histoire quoi, il raconte une histoire, une autre facette, donc ouais moi je le recommande très très chaudement je pense que c’est un des films les plus importants de, de 2024 que que j’ai vu
Sara :
merci beaucoup
Florence :
j’enchaîne sur -donc vous aurez compris, c’est moi qui gère la partie fiction sur cette revue culturelle-
Sara et Florence :
(rires)
Florence :
le le film suivant, c’est Je verrai toujours vos visages, autre registre donc réalisé par Jeanne Herry, avec Élodie Bouchez, Adèle Exarchopoulos et Leïla Bekhti. Je vais aller plus rapidement sur celui-là, donc c’est l’histoire d’une d’une d’une jeune femme qui a été violée par son frère enfant. Et du coup tout le film traite de la justice restaurative
Sara :
ouais
Florence :
qui propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés. Et elle, elle voudrait profiter de ce dispositif là pour se mettre d’accord avec son frère d’espace dans la ville, parce qu’il revient dans la ville où elle habite, pour pouvoir cohabiter. Donc ça c’est une histoire, c’est le fil rouge de l’histoire, mais ce qui m’a touché dans, dans l’histoire, c’est surtout toutes les histoires. Parce que du coup, on assiste à ces réunions de justice restaurative entre des victimes et et des agresseurs – et je voudrais dire “agresseuses” mais pour le coup, il y en a pas parce que la plupart des personnes condamnées sont en fait des hommes- par contre dans les victimes, il y a des hommes et des femmes, et des gens de toute génération. C’est pas larmoyant dans le sens… ni magique mais c’est l’opportunité de voir une autre forme de justice. Et aussi, on a toutes et tous été victimes de quelque chose je pense, et de voir ces dialogues se concrétiser et d’entendre des points de vue potentiellement d’agresseur, c’était assez, je sais pas, ça peut être libérateur. Donc ouais ça c’était, c’était vraiment chouette, voilà, même s’il y a pas de de miracle, c’est assez sympa à regarder
Sara :
Autre film que j’ai loupé (rire)
Florence :
d’ailleurs je vais peut-être évoquer un des éléments qui m’a marqué sur la voix de l’agresseur. C’est qu’il dit qu’il voit personne
Sara :
c’est-à-dire qu’il voit personne ?
Florence :
parce qu’en fait les victimes ont peur de recroiser leur agresseur
Sara :
oui
Florence
et elles sont traumatisées dans le sens elles ont des, elles développent des stratégies, pas toutes hein, mais une des victimes en tout cas, développe des stratégies de de contournement, elle arrive plus à rien faire comme avant. Et du coup on voit l’agresseur être étonné et dire “mais heu”… déjà, il est touché par son histoire, enfin son témoignage. Il lui dit “mais en fait, si je te recroise, je te vois même pas, tu existes pas pour moi”
Sara :
waouh la violence…
Florence
bah c’est de la violence, mais en fait ça la libère
Sara
ouais ouais je comprends le (rires)
Florence
C’est peut être moi qui le, qui le dis mal (rires) mais en fait il dit “on est super tendu, on est dans notre mission, on fait notre tâche” mais du coup sur le risque de recroiser la personne, il y en a pas en fait
Sara
Oui oui oui
Florence
et que par contre, si… parce que du coup la personne qui raconte ce qu’elle a vécu, l’agresseur qui est en face, c’est pas forcément lui qui a été responsable de de cette violence là. Je sais pas si ?…
Sara :
En fait, c’est pas son agresseur à elle, c’est juste un agresseur parmi d’autres, mais c’est pas le sien, c’est ça ?
Florence
dans ce cadre là oui. C’est pas forcément le même. Mais du coup il dit ”moi on m’aurait fait ça à ma mère, je, c’est inacceptable en fait” alors que par ailleurs
Sara :
bah oui quand c’est les mères, les sœurs ou les filles, quand c’est les siennes il y a pas de problème
Florence :
il y a le côté humanisé qui je pense était assez intéressant. Et le dernier film
Sara :
qu’on avait aussi recommandé
Florence :
oui, alors je me rappelais pas
Sara :
et que j’ai pas vu (rires)
Florence :
que j’avais été autant au cinéma mais (rires) ça je l’ai vu en Ardèche; donc ça aussi, j’ai je suis pas très rapide mais je finis par les voir : Il reste encore demain de Paola Cortellesi, qui est un film italien. Donc c’est une femme qui se fait battre par par son mari et qui a aussi une enfant donc on voit sa vie en fait en Italie. J’ai vu un témoignage d’une d’une Italienne justement qui est ressortie en pleurs en disant mais c’est exactement comme ça que c’était dans les années
Sara :
parce que c’était dans les années 40 ouais
Florence :
Apparemment c’est quand même assez fidèle donc. C’est assez dur comme film, parce qu’il y a des violences, même si c’est filmé de façon, comment dire, incongrue on va dire. Parce que quand elle se fait battre, il y a de la musique, il y a des parallèles avec la danse
Sara :
c’est un peu comme une, un pastiche d’une comédie musicale? pour ramener un truc un peu tragico comique
Florence :
c’est ça. Il y a eu pas mal de comparaisons avec La vie est belle
Sara :
ouais
Florence :
j’ai mieux aimé enfin plus aimé ce film que La vie est belle. C’était pas mon film préféré parce qu’il était vraiment dur (rires) moi j’ai du mal quand même avec… de voir tant de fois une femme se faire battre dans le film, c’est quand même chaud… mais on voit en même si on on voit pas forcément directement mais il y a quand même des scènes qui sont dures. On voit les triples journées de la mère, le cliché de l’amour d’enfance, ils se sont marié·es très jeunes.
On voit en parallèle l’histoire de la mère et de sa fille en fait, qui est en train de se construire, qui va bientôt se marier. Sa fille qui lui en veut énormément à elle, plus qu’au père qui la bat, les stratégies aussi de, bah pour survivre, au niveau de la famille. Il y a le reste du monde aussi qui gravite, donc le travail de la mère; il y a l’armée qui est présente; il y a un soldat qui suit un peu cette cette mère de famille et veut l’aider mais peut pas faire grand-chose; l’amour d’enfance. Quand je parlais d’amour d’enfance, c’était le fait qu’elle a aussi un amoureux, bah du coup qui, avec qui elle s’est pas marié mais un ancien amoureux, et finalement elle reste fidèle tout le long probablement à son mari, donc là aussi il y a pas de solution miracle; la différence de salaire aussi entre hommes et femmes parce qu’on considère que bah l’homme comme il a en charge une famille, ben il doit être payé mieux. Voilà en fait ce film, il est assez malaisant, parce que elle est très résiliente la dame, Delia donc, qui est mère de trois enfants. Cette résilience, elle est presque insupportable en fait, à voir
Sara :
Ouais ?
Florence :
parce qu’on est dans le cliché de la femme forte, mais qui du coup, qui subit, qui subit et qui est juste condamnée… on voit le grand-père et le père parler d’elle comme d’un objet. Elle est réellement forte parce qu’elle se laisse pas faire pour autant, sur pas mal de sujet mais par contre elle est trop droite, pour partir, et va plutôt trouver des arrangements pour faire en sorte de limiter la casse par rapport à sa fille, ce genre de choses. Voilà donc j’ai pris pas mal de temps sur la partie films (rires)
Sara :
Merci pour tous ces films. Moi j’en ai loupé plein, ça me donne envie de, ça me redonne envie de les voir. J’ai pas vu beaucoup de fiction cette année mais peut-être que celle que je voulais très rapidement mentionner, c’est L’histoire de Souleymane. Excellent film. Allez le voir.
Voilà et sinon on peut pas passer à la partie documentaire donc le premier documentaire dont on voulait parler, c’est un docu qu’on a vu ensemble au Majestic à Bastille, c’est Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique.
C’est un film qui est sorti en 2022 mais qu’on a vu il y a à peu près un an. Un film canadien qui est réalisé par Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist. Donc c’est un documentaire comme on le disait. C’est, ça parle des cyberviolences. Ca suit le parcours d’une enseignante québécoise, de deux femmes politiques -une qui est états-unienne et une autre qui est italienne- et d’une comédienne et youtubeuse française. Donc les, les cinéastes vont sur deux continents pour suivre différents parcours. Et c’est là où on voit aussi, peu importe le métier qu’elles puissent exercer, leur âge, leur leur leur pays du coup, il y a vraiment les mêmes mécanismes qui se mettent en place. On comprend que c’est pas une sorte de de conflit ou de bataille, comment dire égale ou symétrique entre un agresseur ou un cyber harceleur et une victime. C’est vraiment une avalanche que les victimes se prennent dans la tronche euh parce qu’évidemment il y a pas un seul agresseur, c’est, c’est des violences qui se produisent en masse d’une part, mais ce qui est aussi vachement révoltant euh bon c’est comme dans les affaires de violence sexuelle hein, c’est que l’État est pas du tout là pour aider.
Donc l’État d’une part et il y a aussi la responsabilité énorme des plateformes des Big Five ou autres… en tout cas toutes ces, tous ces canaux de communication, ces plateformes qui permettent justement au bah au délit de se produire s’il y avait pas tout ça, tout ces canaux de communication, ce serait pas possible de se faire agresser de la sorte et donc bien sûr enfin “bien sûr” en tout cas, ces plateformes ne prennent aucune responsabilité là où d’une part, elles auraient les moyens, parce que toi et moi on travaille dans ce milieu, on sait que c’est possible de mieux modérer, et d’autre part elles en ont pas du tout envie en fait. Elles le font pas. Donc c’est même qu’elles se nourrissent, elles se nourrissent de ça. Vous pouvez vous référer à l’épisode que tu as enregistré avec Pauline Ferrari sur le masculinisme en ligne et ailleurs euh donc voilà c’est c’est c’est en partie sur ce modèle là aussi que les plateformes euh progressent donc c’est assez…
bon je je baigne dans tout ce qui… avec ma veille je je baigne dans toutes ces violences faites aux femmes en permanence donc je pensais être assez armée, voilà je me suis pas préparé psychologiquement pour aller voir ce film et ça m’a… franchement je m’attendais pas… ça m’a vraiment foutu un gros coup. Il a eu une très bonne critique. Le Monde dit que que c’est édifiant et effectivement je pense que même quand on est au courant de ce genre de violence, voilà, cette, cette heure et demi, elle est un peu hardcore et on finit on finit un peu le moral dans les chaussettes.
Et on avait eu un débat après la projection. Il y avait Sandrine Rousseau entre autres qui était venue témoigner justement pour expliquer, elle, ce qu’elle subissait en gros, c’est c’est la même chose quoi. Donc je sais pas toi comment tu l’as vécu, ce que tu en as retiré ? Pour moi c’était très fort en tout cas.
Florence :
oui c’est super dur parce que je pense que, tu as vraiment… ce qu’il faut retenir, c’est le côté effectivement “global”. On est écrasé·es par ça, on peut rien faire et vraiment les plateformes doivent prendre leur responsabilité. Moi tout comme toi elle était super dur mais nécessaire. Et même si je vois quand même pas mal de documentaires déjà sur ces sujets là, à chaque fois on se rend pas compte, on ré-oublie à quel point c’est écrasant et et dramatique en fait. Les personnes déménagent, changent de vie, se font suivre partout, juste parce qu’elles essayent de
Sara :
de vivre leur vie tranquille
Florence
de défendre un idéal. Ou ! même par la personne, la femme politicienne ou des enseignantes, c’est… ça démarre vraiment très facilement et ça s’arrête… pas.
Sara :
(Acquiescement). Parce que bon ok la youtubeuse, elle est plus, elle est féministe, les femmes politiques défendent un certain nombre de choses euh, néanmoins l’enseignante elle se positionne même pas. Donc il suffit pas, juste déjà c’est c’est mal hein de de se faire silencier quand on défend des des idéaux évidemment, mais même si on le fait pas en fait on on est une victime potentielle. On peut risquer ça. Parce que l’enseignante elle a rien demandé à personne, enfin ça lui est tombé dessus.
Florence :
elle existe juste quoi
Sara :
oui oui voilà exactement. Donc bon il y a aussi récemment sur le slack un adhérent de l’asso qui nous a partagé un podcast de France Inter qui s’appelle Mentionné·e qui partage aussi des témoignages de personnes victimes de de cyberharcèlement donc si vous voulez écouter aussi
Florence :
je précise le Slack c’est un espace de, d’échange du coup qu’on a entre membres
Sara :
cool merci beaucoup pour la précision donc ouais vraiment Je vous salue salope à voir. Il y a un site internet qui est très fourni avec plein de ressources donc vous tapez Je vous salue salope tout attaché -film.com (https://jevoussaluesalope-film.com/) et vous verrez il y a des ressources, des guides, comment faire si on est victime, comment prévenir et cetera.
Et vous pouvez voir le docu en VOD sur Vimeo ou sur Apple TV donc hésitez pas à le, à le louer ou à l’acheter. Vraiment il il est cool
Florence :
nécessaire
Sara :
oui autre docu que j’ai beaucoup aimé, que j’ai découvert il y a un an aussi à peu près. C’est un film qui s’appelle Et maintenant on fait quoi ? une enquête sur les masculinités donc qui date de 2024 c’est un film de Pauline Sanderre qui a été produit sur une idée de Lisa Dayan et Thaïs Kaplisch qui sont les cofondatrices de safe place. C’est une association qui propose des choses similaires à nous mais elles font ça très très bien avec des invité·es de marque, il y a beaucoup de contenus, suivez Safe Place c’est super.
Et donc ce documentaire va parler évidemment de la masculinité mais aussi des masculinités, de la virilité aussi, surtout beaucoup des injonctions à la virilité, de comment ça pèse bah les conséquences sur les femmes, sur les hommes, sur les personnes non binaires, sur tout le monde en fait, sur la société. Donc on va interviewer des jeunes hommes anonymes, mais aussi beaucoup de journalistes et ou créateurices de podcasts. Y a Thomas Messias, Eymeric Macouillard Gillet, Mathieu Palain et évidemment l’incontournable Victoire Tuaillon. Il y a aussi une interview d’un réalisateur de docu qui s’appelle Sikou Niakate et une spécialiste des violences conjugales qui s’appelle Nina Tunon de Lara. Le docu est très bien fait je trouve. Je crois qu’il dure une quarantaine de minutes de mémoire
Florence :
(acquiescement)
Sara :
moi il m’a, il m’a beaucoup plu, je l’ai vu avec mon partenaire, il a aussi aimé. On a proposé aussi deux projections-débats avec l’association, parce qu’on a acheté après le film pour pouvoir le projeter, en parler plus largement, lui donner un écho supplémentaire, et ça a été assez apprécié. C’est pour ça qu’on l’a fait deux fois en 2024
Florence :
oui on a des très bons retours dessus à chaque fois. Hum on entend assez peu les les hommes parler de ces sujets là
Sara :
(acquiescement)
Florence :
et du coup rien que sur ça bah ça fait du bien. Et en tant qu’homme ou femme bah de d’être témoin de ces échanges là, et de voir les réflexions qui nourrissent ce débat. On a aussi une personne qui était, qui était incel je crois dans le documentaire qui parle
Sara :
qui l’a été ouais ouais c’est vrai je l’ai pas mentionné
Florence
ouais ça c’était pas mal, ou des hommes, enfin des quarantenaires qui parlent de leur enfance donc ça donne un bon éclairage. J’ai bien aimé aussi.
Sara :
ouais, en tout cas voilà, dispo en VOD sur Vimeo louez-le ou achetez-le, c’est un super document. Autre film qu’on avait recommandé dans dans un article dans le fameux article de blog l’année dernière Bye Bye Tibériade, donc un film franco-palestinien sorti en 2024, réalisé par Lina Soualem. Donc c’est la réalisatrice qui retourne près du, de Tibériade en Galilée, où sa mère a grandi avant de s’exiler, pour en fait retracer l’histoire de sa famille. Donc elle connaissait déjà hein, elle y allait avant, durant l’été de temps en temps donc il y a il y a un mélange d’images d’archives, de d’extraits de films, de famille aussi quand, de quand elle était petite, plus ce qu’elle filme aussi là pour le documentaire.
Je l’ai trouvé très très puissant. On voit plusieurs générations de femmes palestiniennes : comment chacune a vécu sa vie, comment chacune adresse et aborde le sens de sa vie; les relations avec les autres et les relations avec leur terre aussi. On a tout leur parcours, l’histoire de la région, à travers ces histoires individuelles, on comprend aussi la grande Histoire avec un grand H, l’exil, ce que ça veut dire, ce que ça entend donc voilà je pense qu’un film sur la Palestine, c’est d’autant plus important en ce moment, d’en parler de partager des ressources, parce que là, le but c’est d’un peu éradiquer tout ce qui existe et c’est cette identité là. Donc très très émouvant donc je l’ai vu en présence de la réalisatrice qui était disponible après pour pour répondre à des questions. Il y avait des questions un petit peu What the fuck ? (traduction : Sérieux ?) posées par certaines personnes dans la salle (rires)
Florence
(sur un ton ironique) Comment ça se fait ?….
Sara
Elle a, elle a eu, elle a une patience infinie, j’ai beaucoup d’admiration pour elle, voilà. Et j’ai j’ai beaucoup aimé aussi la personne, alors je l’ai que croisé là, lors de la projection, mais ouais, j’ai été très très touchée et, ouais. Hyper, c’était beau, très émouvant.
Florence :
C’est disponible sur Arte du coup en ce moment ?
Sara :
oui c’est ça, sur Arte et aussi Prime et Canal, mais bon on va plutôt favoriser Arte plutôt que que Amazon ou Bolloré (rires)
Florence :
Tant qu’à faire
Sara :
voilà. Ouais franchement, voyez-le.
Florence :
Merci
Sara :
Ensuite Les Filles du Nil qu’on a vu ensemble. Très chouette documentaire donc c’est un groupe de jeunes filles qui forment une troupe de théâtre de rue, donc déjà moi je connais pas très bien cet art là, le théâtre oui, mais le théâtre des rues quand même un peu moins. Donc c’est une troupe de théâtre exclusivement féminine. Ca se passe dans un village au sud de l’Égypte, un village copte. Et donc les ados à travers ce, ce média, cet art, vont dénoncer la place et les droits des femmes. Donc je les trouve hyper courageuses, hyper audacieuses, voilà elles disent les choses, elles s’investissent, il y a de la sororité, il y a, il y a de la la complicité, de la créativité, c’est pas mal.
On suit puis en fait, on les suit sur 4 ans, donc vraiment, c’est un documentaire, c’est pas de la fiction encore une fois, donc 4 ans pour pour tourner ce film, donc à la fois dans des moments où elles sont en groupe, en troupe, et aussi leur parcours de vie un peu plus individuel, perso quoi.
Et donc bah elles passent d’être ado à devenir des jeunes femmes, donc on voit aussi cette évolution. J’ai trouvé ça je sais pas, rafraîchissant. Parfois, il y a des moments un petit peu lents mais c’est pour venir vraiment s’installer, on nous accueille en fait ,dans le, dans les salons, dans les cuisines, dans les les locaux ou les ou les rues de de ce village là. Donc j’ai trouvé ça chaleureux et accueillant euh je sais pas, je, ouais, j’ai été touchée par par ces parcours là, de jeunes filles.
Florence :
(Acquiescement) c’était très réjouissant ce film parce que même si c’est, c’était des sujets sérieux, euh je sais pas c’était joyeux mais il y avait il y avait une grosse énergie
Sara :
ouais
Florence :
certaines deviennent même mères du coup c’est quand même un un passage, enfin un moment de ta vie qui, enfin 4 ans c’est long, et là c’est quand même un moment…
Sara :
surtout à cette période là !
Florence :
oui c’est ça c’est ça ! Et, et le fait que ce soit un documentaire et pas une fiction, c’est un peu troublant parce qu’on se dit mais c’est
Sara :
oui on se pose la question
Florence :
c’est inventé non ?
Sara :
oui ! oui (rires)
Florence :
ouais en Égypte en plus !? et ça se fait pas du tout le théâtre de rue, encore moins par des femmes. Et elles ont un courage de dingue, une liberté et ça donne beaucoup d’espoir. Vraiment moi je l’ai trouvé joyeux ce film même si, de par le caractère documentaire, des fois on a un peu peur de qu’est-ce qui va se passer du coup, il y a pas de scénariste qui va embellir le truc à la fin quoi, c’est des vrais gens. C’est un peu ma pépite je pense de de l’année ce film. Vraiment belle belle surprise
Sara :
et pour le coup il y a un truc aussi, parce qu’on on l’a regardé alors en présence c’était pas c’était pas les réalisateurices mais des personnes qui étaient dans l’équipe du film. Désolée je me souviens plus des noms, et donc iels nous disaient que les jeunes filles avaient été invitées à Cannes euh donc ont monté les marches de Cannes après. Et et ça bon évidemment je pense que pour elles qui, pour certaines d’entre elles en tout cas qui souhaitaient être actrices, ça devait être super fort, hyper émouvant et la fierté un peu aussi du village, parce que c’est vraiment un tout petit village, un peu perdu, que je vais pas dire personne ne connaît, mais vraiment c’est un lieu modeste et et qui cherche pas je crois à se développer de façon internationale et cetera.
Donc voilà d’avoir ce petit bout de de campagne égyptienne en région parisienne là, que c’était ouais c’était… ça change en fait tu disais tout à l’heure de certains films qui changent. Pour moi ça c’était un truc nouveau aussi. Je connaissais pas la culture copte. Bon après ça rentre pas dans la, dans toute la culture, mais on voit des petites bribes, des scènes et cetera, donc, donc ouais très très très cool.
Vous pouvez le revoir en VOD aussi sur Just Watch ou Filmo TV, c’est les les références que j’ai trouvé. Et je n’ai pas mentionné désolée le nom des réalisateurices : c’est Nada Riyadh et Ayman El Amir. C’est important de de redonner la parentalité de l’œuvre et de rendre à César ce qui appartient à César, et à Cléopâtre ce qui appartient à Cléopâtre
Florence :
on est d’accord
Sara :
et enfin dernier docu qu’on a vu ensemble alors je sais pas si j’ai j’ai trouvé deux deux dates je sais pas s’il est sorti en 2023 ou en 2024, en tout cas, il est récent. C’est De rêves et de parpaings d’Anne-Sophie Birot et de Laëtitia Douanne. Donc là un documentaire pour le coup très doux, très lent, ça retrace en fait le le parcours, l’aventure on va dire, de de des enchantières, donc enchantières pour “enchantier” qui est mis ensemble ,et qui qui fait un joli clin d’œil à l’enchantement donc les enchantières. C’est une asso de femmes qui enseigne et qui apprend des connaissances en BTP. Et donc elles se lancent dans la construction de leur propre local à Montreuil, parce qu’il faut savoir que jusqu’à présent, enfin jusqu’à y a peu plutôt, elles devaient essayer de louer, enfin qu’on leur prête des locaux un peu à gauche à droite pour arriver à à accueillir le public et justement transmettre ses savoirs d’artisanat. Et donc au bout d’un moment, elles se sont dit mais pourquoi en fait, on a toutes les compétences, pourquoi est-ce qu’on, on ne créerait pas notre local, notre maison, notre centre d’accueil ?
Et donc elle trouve un terrain à Montreuil et c’est donc un chantier participatif qui va s’ouvrir à toutes et on va mettre en place des apprentissages. Y a de la théorie, y a de la pratique mais au-delà de ça, il y a aussi plein d’échanges, une intimité qui se crée entre les participantes, des discussions qui peuvent exister, on parle de de non mixité mais on parle aussi de d’outils et de matériaux et cetera. Donc j’ai l’impression qu’on rentre dedans vraiment, parce que un chantier, une maison ou un local meublé, ça ça pousse pas en 2 minutes, il y a beaucoup de travail derrière, donc j’ai l’impression que on, en tant que spectateurices, on est amené·es justement à prendre cette patience, qui est nécessaire pour que, un immeuble ou une maison ou un local puisse voir le jour.
Et donc voilà il y a cette, ce côté un peu lent et doux qui s’installe. Et bon en plus au milieu il y a le COVID qui leur tombe dessus, donc le chantier qui est arrêté et cetera. On va pas spoiler mais voilà, il y a des, il y a des rebondissements en tout cas et j’ai beaucoup aimé film je l’ai trouvé très touchant -on va pas vous raconter mais à la fin y a un truc voilà un peu tristoune- et et à la fois quand même, c’est un film très beau je trouve
Florence :
il y a aussi la partie comment en tant que collectif, on construit quelque chose
Sara
oui
Florence :
donc on voit que c’est pas évident, même si on est aligné·es sur l’objectif bah de se re synchroniser, qu’il y a pas mal de surprises. On voit aussi pas mal de personnes qui sont des personnes femmes qui sont très très compétentes dans dans ce type de métier où on imagine peu de femmes -je crois que c’est 2 %- donc ouais chouette film
Sara :
ouais. Donc c’est des films qu’on a vu au Festival du Film Féministe, des Lilas un chouette de festival, où il y a des projections bien sûr, souvent avec des questions réponses ou des débats derrière. Il y a des tables rondes aussi ou des ateliers qui sont proposés. J’étais allée voir une table ronde sur la représentation des violences sexistes et sexuelles à l’écran avec des débats là-dessus, des super invitées qui n’étaient pas forcément toujours d’accord sur tout d’ailleurs aussi, donc c’est hyper intéressant, et aussi un autre autre table ronde sur Comment proposer des nouveaux récits, de nouveaux personnages, pour sortir des des trucs un peu classiques. Je trouve que c’est un chouette chouette festival et je te remercie Florence de de me l’avoir fait découvrir
Florence :
je t’en prie. Moi j’aime beaucoup ce coin du 93 comme tu sais
Sara :
oui (rires)
Florence :
il y a un autre festival aussi qui qui est en cours en ce moment à Paris au Forum des Images qui s’appelle Elles sont là pour rester. C’est jusqu’au 6 avril 2025 qui met en valeur des réalisatrices. Donc là on arrive sur la fin de Blandine Lenoir. Il y a aussi Mia Hansen-Løve, Valérie Donzelli, Delphine et Muriel Coulin et Alice Winocour. Et avant il y a eu Alice Diop Rebecca Zlotowski, Jeanne Herry et Sophie Letourneur. Nous on n’en connaissait pas tant que ça parmi ces réalisatrices. Je pense qu’il faut vraiment qu’on le mentionne. Moi il y en a que je connais, mais je les connais depuis pas si longtemps que ça. Toi Sara je sais pas ton ?
Sara :
ouais je crois trois sur les 10 là. Il y en a que trois que je connais ou dont j’ai vu les travaux parfois. Je les connais par ailleurs mais j’ai pas vu leur leur film, parce que ben on le sait bien malheureusement les femmes ont plus de mal à à obtenir des financements, elles sont moins soutenues dans leur art et pourtant elles ont des des récits passionnants à raconter. Je rappelle aussi que quand même la l’inventrice du cinéma tel qu’on le connaît, le cinéma de fiction, c’est Alice Guy, c’est une femme hein. On parle des frères Lumières mais eux ils ont fait plutôt des images d’archives, des des docu euh donc c’est Alice Guy qui a fait des, qui a raconté des histoires via des des images animées donc voilà, elles sont là pour rester on l’espère. En tout cas, allez voir le site c’est au Forum des Images, c’est c’est Les Halles hein, c’est le centre de Paris pour pour celles et ceux qui connaîtraient pas. Donc vous tapez sur Internet “Forum des images elles sont là pour rester” vous allez trouver les réalisatrices même si vous êtes pas à Paris et essayer de trouver en VOD ou ailleurs, dans peut-être des cinémas indépendants, des projections qui pourraient, à survenir, sur ces, sur les travaux de ces réalisatrices, ça vaut vraiment le coup.
Florence :
moi je trouve ça, enfin ça fait deux ans que je privilégie plutôt des films de réalisatrices et vraiment, ça change la vie.
Sara :
ouais.
Florence :
parce que après avoir été biberonné par tant de films créés par des hommes, en fait, on est vraiment endoctriné sur du male gazz à tout va
Sara :
ouais
Florence :
et sur des choses qui sont vraiment problématiques et qui te gênent et qui te mettent mal à l’aise, et tu comprends pas pourquoi mais
Sara :
et
Florence :
et vraiment, ça… je maintiens, ça change la vie
Sara :
ouais c’est vrai. Même au-delà des des choses qui qui sont clairement problématiques ou des images en soi, je trouve que le fil narratif, la structure narrative des films classiques, que on est habitué·es à voir et qu’on a toujours vu c’est, en fait c’est toujours la même chose. On a un petit truc de petite scène d’entrée de départ, après il y a le héros ou la héroïne, l’héroïne mais souvent, c’est le héros, il lui arrive un truc, après c’est sa quête pour arriver à à résoudre son problème, puis après c’est happy end. Ou parfois la fin est pas si si joyeuse, mais bon c’est toujours les mêmes le climax vers les trois quart ou la fin et cetera. Enfin c’est, voilà, c’est un peu chiant quoi, toujours la même chose
Florence :
ouais clairement c’est comme ça que c’est appris, mais il y a une vraie nouveauté c’est vraiment rafraîchissant de regarder d’autres choses. Du coup c’est l’occasion de parler de Films de femmes qui est un festival de film aussi qui existe depuis 1979, qui a lieu chaque année à Créteil dans le Val De Marne, en Île-de-France donc. Ca durait 10 jours l’année dernière, c’était en mars, alors nous on n’a pas encore eu la chance d’y aller, mais chaque année je me dis qu’il faudrait que j’y aille, parce que pour le coup il est pas super connu, enfin en tout cas, nous on le connaissait pas pardon
Sara :
ouis moi je connaissais pas non
Florence :
ouais euh peut-être parce que c’est pas tout à fait central, mais je pense que c’est vraiment quelque chose à à tester au moins une fois.
Sara :
Donc Films au pluriel de Femmes au pluriel aussi. C’est noté, c’est noté merci. Donc là on a commencé à parler, on a fait une douce transition de cinéma au festival. Je voulais aussi parler de de Festivals auquel je suis allée, d’événements auquel je suis allée en 2024.
Alors peut-être pour mentionner très rapidement, il y a une contre soirée électorale Popol. Donc Popol c’est un média qui propose un regard féministe sur la politique, donc c’est un média vraiment global, il y a un site, une newsletter, un podcast. Allez, allez regarder. Et iel propose de temps en temps des événements, donc là c’était pour les Européennes. C’était une une soirée prévue, on on savait, ça puait hein, il y avait rien de bon qui allait s’annoncer, on savait que l’extrême droite allait prendre encore plus de place sur la scène européenne et donc pour ne pas être seule face à ces, à ces nouvelles qui sont peu réjouissantes, même très inquiétantes, Popol avait proposé une une soirée donc c’était le 9 juin et c’est là où j’ai appris la dissolution de l’Assemblée, pendant cette soirée là, où on essaie de se dire Qu’est-ce qu’on fait comment, on se réunit, comment on s’organise pour pour contrer euh les dangers de l’extrême droite.
Donc ouais si vous avez des choses comme ça près de chez vous, hésitez pas, je pense que c’est toujours bon de pas se retrouver seul·e face à sa télé ou son son appli à lire des mauvaises nouvelles quoi.
Florence :
petit aparté, la fondatrice de Popol c’est Léa Chamboncel et on a son livre dans la bibliothèque de La Place des Grenouilles pour les parisiennes et parisiens
Sara :
trèèès bon placement pub, bravo, merci beaucoup (rires). Euh ok donc sur un festival je reviens sur un festival féministe, on est allé·es à Empowher donc Empowher contraction de empower mais aussi avec un HER pour “elle” euh EMPOW + her, je crois que tu étais allée aussi l’année d’avant Florence ?
Florence :
euh oui ! ouais je crois j’ai été deux fois, mais là j’ai je suis restée qu’une heure cette année.
Sara :
ok moi je l’ai fait un peu en long en large et en travers, j’ai pris plein de notes sur plein de trucs, il y avait plein de conférences, de tables rondes passionnantes. Je vais pas là, le temps tourne, je vais pas vous parler de tout, mais il avais trois pépites que je voulais vous partager.
La première chose, je voulais l’introduire en vous donnant une citation que j’ai adoré, c’est “le dev perso c’est un analgésique pour sucrer l’amertume des inégalités” (dev perso pour “développement personnel”). Je trouve que cette quote (“citation” en anglais) est absolument formidable (rires). Elle est de Samah Karaki. Samah Karaki qui est neuroscientifique et qui a publié un essai qui s’appelle Le talent est une fiction et donc dans le, dans ce livre, elle cherche à déconstruire les mythes de la réussite et du mérite.
En gros avant euh, il y a quelques j’ai envie de dire siècles, mais c’est, non, c’est encore assez récent, en fait, notre position sociale a été déterminée par le fait, enfin par par notre classe sociale de base, en gros on héritait de quelque chose, et si on était aristocrate Bingo on était bien tombé·e. Et aujourd’hui on parle plus d’aristocratie ou d’héritant, d’héritage mais on parle beaucoup de méritocratie, du talent, du mérite et cetera, et et en fait le, finalement ce qu’elle dit , c’est que le talent ,c’est qu’un alibi, c’est un prétexte pour justifier et renforcer des inégalités systémiques. Parce que plus, enfin si pendant nos études, on a pas besoin de travailler, on a pas besoin de s’occuper de de parents dépendants et cetera, forcément on a plus de chance de développer des compétences, qui après pourront être vues par les personnes qui, qui font le, la pluie et le beau temps sur sur l’art par exemple, ou le, les investisseurs et cetera, vont dire bah c’est, oui cette personne, elle est talentueuse les personnes vont être mises en avant, mais c’est parce que en fait on démarre pas tous et toutes du même point avec les mêmes privilèges.
Et donc je pense que ça c’est un truc qui est relié à mon sens au féminisme, qui a une question de justice sociale, et euh et voilà, c’est important de sortir de, de ce truc de méritocratie.
Florence :
même au-delà de l’origine, c’est quelque chose qui se perpétue, dans la mesure où, les femmes par exemple, ont beaucoup moins de temps euh chaque jour à consacrer à elle-même
Sara :
(acquiescement)
Florence
parce qu’elle doit s’occuper de bah de tout le monde, forcément bah le talent ne se cultive pas
Sara :
Evidemment
Florence
et c’est pas pour rien que, on l’associe plus souvent, je pense, aux hommes. Voilà.
Sara :
et effectivement, enfin en tout cas, en général à à compétence de départ “égal” entre guillemets, les femmes vont devoir redoubler d’efforts pour justement éliminer plein d’obstacles sur leur route pour pouvoir consacrer plus de temps à leur art ou à leur discipline quoi, donc ouais clairement.
Autre table ronde qui m’a assez marquée je vais vous donner un chiffre “150 millions de dollars américains par an” ça c’est le montant dont les mouvements et les lobbies antidroit bénéficient par an, et c’est en parti l’argent des contribuables européens et européennes. C’est une somme qui est déjà faramineuse, et elle est en hausse ces dernières années. En 10 ans, lors de ces 10 dernières années, il y a au moins 700 millions de dollars qui ont été fournis pour ces associations, ces mouvements, ces lobbies et cetera. Je vous invite à aller regarder, aller Googler (c’est à dire Recherche sur Google ou Duckduckgo)) “Tip of the Iceberg Report” (“La Partie émergée de l’iceberg”). C’est très documenté. Ces mouvements là se sont d’une part professionnalisés, c’est plus des amateurices. Avant c’était beaucoup des vieux mecs blancs voilà qu’on pouvait peut-être moins écouté en tant que femme, mais là aujourd’hui ielles sont malins et malines, ielles ont recruté plus de femmes, plus de jeunes femmes, donc je vais pas, j’ai quelqu’un enfin quelqu’une en tête là, mais je vais pas donner son nom, on va pas lui faire de la pub, mais voilà, pour aller perpétrer, véhiculer, partager des idées nauséabondes, et vraiment antidroit ,pour tout ce qui est lié au genre, à la reproduction, au droits sexuels et cetera. Donc aussi, un autre point qui est important et grave, c’est que ces groupes s’organisent en réseaux internationaux. Donc c’est là où nous, on se dit, on doit faire pareil, donc vous avez peut-être entendu parler de l’initiative Ma voix Mon choix qui est une initiative européenne pour justement faciliter dans tous les pays de l’Union Européenne l’accès à l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse). Si vous n’avez pas encore signé la pétition, faites-le. Googlez (c’est à dire Recherche sur Google ou Duckduckgo) “Ma voix Mon choix pétition” pour justement mener au Parlement Européen ce ces questions.
Il y avait Sarah Durocher, donc la présidente du Planning Familial dans, entre autres, dans cette table ronde, et de ce que j’ai retenu, c’est donc, c’est déjà se réunir et se parler entre pays mais aussi faire la pédagogie envers les indécis et indécises, donc ça c’est à la portée de tous et toutes, vous, moi tout le monde, sortir de cet entre soi où on est tous et toutes d’accord que l’IVG c’est important, et c’est c’est des droits humains, et c’est une question de santé publique, mais aussi faire voilà, sensibiliser autour de nous les personnes indécises, faire des dons aussi, ben évidemment pour les personnes qui le peuvent.
Et sur le site du Planning Familial, il y a un livre blanc qui est disponible qui s’appelle Pour une véritable éducation à la sexualité. On remet beaucoup en cause cette loi en France qui vise à à proposer 3 heures de cours d’éducation affective, relationnelle et sexuelle. Les Droites mènent une virulante campagne, ils font des tracts, ils font des tribunes dans les médias et cetera pour pour revoir les préconisations. Pour rappel, c’est des préconisations de l’ONU hein, c’est pas n’importe qui, qui euh expliquent que les enfants doivent recevoir une éducation complète à la sexualité dès 5 ans. Alors évidemment à 5 ans, on va pas apprendre à utiliser un préservatif hein, mais on explique ce que c’est que le corps, le consentement, les types de relations affectives qui peuvent exister, et cetera. Tout ça c’est pour protéger les enfants, et puis ensuite protéger ben la population, souvent les femmes mais pas que. Il y a aussi une recrudescence assez effarante des IST, les infections sexuellement transmissibles chez les jeunes notamment, donc franchement ça touche tout le monde et en particulier nos enfants.
Florence :
Il y a une pétition du coup qui est disponible d’ailleurs sur ça qui a été organisé par Parents et féministes
Sara :
ouais merci de le mentionner
Florence :
ouais euh donc n’hésitez pas à la signer
Sara :
ouais
Florence :
et je pense qu’un des, des arguments qui marchent pas mal, c’est de se dire si on on prend pas ça à bras le corps en fait, ils vont s’éduquer tous seuls et
Sara :
pas tous seuls ! avec le porno
Florence :
c’est ça ! c’est ça le “tout seul” (rires), c’est avec le porno ou ce qu’on met sur l’espace public, du coup qui est pas du tout adéquat, et du coup, c’est c’est là qu’on voit la nécessité de traiter ces sujets, ça sert à rien de de faire l’autruche.
Sara :
clairement. Troisième pépite de cette édition Empowher 2024, l’atelier “C’est pas moi, c’est mes privilèges” proposé par Alexia Sena qui est aussi la créatrice du podcast et de newsletter Joyeux Bazar que je vous recommande. J’ai beaucoup aimé l’atelier : Alexia est super, elle anime hyper bien, et voilà bon ça été un gros coup de cœur. Je la suivais depuis un moment, mais là c’était cool de l’avoir en vrai -j’ai retenu bon, j’ai plein de notes- mais je voulais vous partager trois trucs. Je sais pas si vous connaissez la théorie du monde juste. Ca te parle ?
Florence :
non je connais pas
Sara :
en gros c’est un biais cognitif, on se dit que les choses arrivent pour une raison et que, en gros, le le monde a priori est juste et que les policiers, s’ils tapent sur des gens, c’est parce que les gens, ils ont été méchants par exemple, pour faire pour reboucler avec les violences policières plus tôt. Mais aussi c’est dire bah que, si on est arrivé·e à tel statut social, si on arrivé à tel poste aujourd’hui, dans telle entreprise, euh ben c’est par nos efforts, c’est parce qu’on l’a mérité, donc voilà, je reboucle encore, et alors qu’ en réalité on a envie de croire que les choses sont justes parce que ça nous rassure, mais en réalité la vie est très injuste. Et donc voilà chercher “biais de la théorie du monde juste”.
Tout à l’heure, j’ai dit aussi rendre à Cléopâtre ce qui appartient à Cléopâtre, ça c’est son expression à elle aussi, que je je lui je lui chipppé parce que je la trouve très chouette, redonner un peu de de féminin dans… justement rendre la maternité des idées à quelqu’une surtout quand on voit la la quantité de cas de bropriating qui existe, donc la réappropriation des travaux ou des idées des femmes par des hommes, j’ai trouvé ça assez cool.
Et elle nous a aussi donné les 11 commandements de l’allié·e, donc des allié·es avec -és ou -ées selon Lallab. Lallab c’est une asso féministe et antiraciste, je sais pas si j’ai le temps de vous lister les 11
Florence :
ça me parait important quand même
Sara :
ouais ok très bien, moi aussi, mais comme le temps file… donc
- premier commandement : écouter et apprendre à se taire
- deux : se renseigner
- 3e : accepter les critiques
- 4e : ne pas prendre toute la place
- 5e : échanger aussi avec les personnes qui ont la même identité que soi
- ensuite être constant ou constante
- comprendre qu’être allié·e, ce n’est pas une identité mais un processus -très important celui-là je trouve-
- ne pas se servir de entre guillemets l’ami·e handicapé·e ou l’ami·e noir·e ou l’ami·e peu importe
- ne pas jouer au JO (Jeux Olympiques) de l’oppression, c’est-à-dire comparer ses souffrances par rapport à celles des autres
- ne pas monopoliser l’énergie et la force mentale des personnes oppressées
- et enfin ne pas baisser les bras
j’ai trouvé ça pas mal de de le rappeler
Florence :
merci je connaissais pas du tout ces commandements de Lallab, pourtant je connaissais Lallab, mais j’ai pas regardé
Sara :
c’est pas mal hein ?
Florence :
ouais. Merci.
Sara :
et bon après aussi j’ai fait plusieurs conférences proposées par Safe Place dont on a parlé tout à l’heure au sujet du documentaire sur les masculinités. Je mettrai un lien dans les la description de l’épisode (Site Internet et évènements, Instagram)
Florence :
merci Sara. Moi il y a le livre Entremélées donc c’est une bande dessinée, qui est assez ancienne en réalité, de Esther Chidi donc son pseudo c’est Ster. C’est l’histoire de, d’étudiantes et étudiants en colocation qui partagent l’envie de, de comment de faire entendre leur conviction féministe et antiraciste
Sara :
ok
Florence
Moi j’ai j’ai vraiment beaucoup aimé ce ce livre parce que je pense qu’il m’aurait guidé il y a quelques années, et le fait de d’entendre des réflexions, des réflexions qu’elles se posent, que ils ou elles se posent, les problématiques, par exemple, la protagoniste principale Asma, qui est d’origine musulmane, enfin de confession musulmane, veut créer un groupe non mixte et du coup, on voit comment elle arrive pas à avoir de salle, et comment ses amies blanches y arrivent, et surtout comment les femmes au début disent “ah c’est une super idée la non mixité” jusqu’à qu’elles découvrent que c’est un en non mixité aussi en terme d’ethnie donc uniquement les personnes racisées, identifiées enfin qui s’identifient femmees dans ces groupes.
Il y a aussi des des couples mixtes dedans, donc d’origine asiatique et plutôt caucasienne franchouillarde on va dire (rires), des personnes noires, il y a de la, des histoires d’amour entre femmes, il y a vraiment plein de d’intersections en fait, les histoires se mêlent, les oppressions se croisent. Ces personnes prennent soin aussi les les uns les unes des autres, sont pas comprises de tout le monde y compris de leurs proches.
L’autrice de de cette BD, elle avait que 23 ans quand elle l’a créé, ce que j’ai trouvé incroyable (rires). Elle est, elle était super mature… donc franchement, ouais, moi je je le recommande, parce que on découvre une bande de potes en fait, euh sans forcément qui est de jugement, parce que il y a pas de solution vraiment magique, mais il y a juste des gens qui essayent d’atteindre un monde meilleur ,et qui arrivent plus ou moins.
Il y a le le garçon qui a d’origine asiatique où du coup ses parents ont tout sacrifié pour qu’il fasse des études, mais en fait lui il s retrouve pas donc il veut arrêter. Il y a aussi la maladie qui les rattrape, ça se lit super rapidement, c’est que 160 pages, vraiment c’était que du bonheur quoi, c’était très feel good (“faire du bien”)
Sara :
et c’est les éditions Anacoana, j’en entends beaucoup de bien de cette maison d’édition
Florence :
Ah oui ? ok ! je regarderai les autres les autres oeuvres. Moi je l’ai vu à la bibliothèque celui-là c’était une très bonne surprise
Sara :
Chouette.
Florence :
le la dernière revue de mon côté, c’est une pièce de théâtre qui s’appelle 4211, qui a été écrite et mise en scène par Aïla Navidi. 4211 c’est la distance entre Paris et Tehéran. Donc c’est celle que parcourt Mina et Fereydoun venus d’Iran pour pour se réfugier en France après une révolution qu’on leur a volé.
Moi cette pièce, franchement, c’est la meilleure pièce que j’ai vu depuis, je sais pas, des années, et pourtant j’en ai, enfin je sais pas si j’en ai vu beaucoup mais j’en aime beaucoup. Et et sur celle-là, on est… Franchement, c’est un voyage super profond, on vit toutes leurs émotions, c’est, c’est touchant, c’est engageant, il y a aussi une bonne distance, c’est pas larmoyant non plus, c’est aussi très léger par moment. Je pense qu’ étant quarantenaire, il y a aussi pas mal de références sur, sur la culture française qu’on a eu, et du coup qui rend ça encore un peu plus délicieux.
Tout à l’heure je parlais de double culture, donc là on est en plein dedans par rapport au conflit entre Yalda donc l’héroïne avec ses parents, tout en étant reconnaissant·e et solidaire, à quel point on coupe le cordon ou pas, comment on construit son identité. Nous on était scotché·es donc on était deux aller le voir. Pendant 1h45, c’était pfff… franchement, allez le voir parce qu’il est, il est vraiment trop trop bien (rires)
Sara :
et il passe où ? il passe encore ?
Florence :
euh oui pardon, il a été récompensé de deux Molières, ça a été, ça devait se terminer en janvier, et du coup, il y a une prolongation pendant encore quelques semaines, quelques mois j’imagine. Mettez une alerte Google, peut-être pas Google, mais une alerte (rires) (note : il passe toujours au théâtre Marigny à Paris jusque fin février 2025). 4211, c’est c’est un sujet sur l’immigration qui est quand même très présent encore aujourd’hui, et qui le sera encore un bon moment quel que soit l’époque et l’endroit où on est ,donc c’est assez universel, voilà. Donc j’espère que vous aurez l’occasion de le voir
Sara :
Il y a aussi une autre pièce que vous pouvez voir qui existe depuis quelques années, mais qui se prolonge, moi je l’avais vu dans un théâtre du 18e ou 19e je crois il y a 2 ans et qui maintenant se joue à la Scala, ça s’appelle Le premier sexe ou la grosse arnaque de la virilité, donc ça refait écho avec un autre documentaire dont on a parlé tout à l’heure. C’est un seul en scène de Mickaël Délis donc qui va évidemment interroger le genre masculin et ses impératifs virilistes, qui va expliquer comment il se dépatouille dans cette société avec ses différentes injonctions, et en gros il interprète plusieurs personnages de sa vie, son psy, sa mère, ses potes, son frère, bref voilà. C’est, c’est très, je trouve qu’il a, il est très très fort. Il fait ça très bien et voilà je vous en dis pas plus, allez le voir.
Florence :
je pense qu’on va conclure ici Sara ?
Sara :
ouais merci
Florence :
merci beaucoup
Sara :
et à la prochaine
Florence :
bye bye
—
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Florence : lapdg.fr
[fin de la musique de générique d’intro]


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